Scrolling de l’angoisse

Pouce en automatique, allongée sur mon lit, vautrée dans le canapé, dans une salle d’attente ou dans les transports, plus qu’à regarder l’heure pour finalement se retrouver à faire défiler les images.

Le scrolling, qui pourrait de prime abord faire du bien, permettre de couper avec le travail, la réalité, faire rire ou informer devient très vite quand le « encore une vidéo » qui dure une heure, devient un piège à neurones, un abrutissant bloqueur de créativité, un vampire d’énergie et de motivation, un aspirateur d’âme.

Je vais loin, oui, mais si je comptabilisais ces heures à ne pas écrire, ne pas peindre, ne pas promener mon chien, ne pas faire les corvées de la maison, ne pas bosser, ne pas lire, ne pas faire de sport, ne pas faire de musique, ne pas cuisiner, ne pas être en activité manuelle, intellectuelle ou physique, je pense qu’on pourrait me rajouter une journée d’activité dans la semaine, un huitième jour pour moi, que je donne aux écrans.

Une journée que je donne aux algorithmes qui ont bien compris ce qui me fait rire, ce qui m’intéresse. Alors oui, j’ai de belles découvertes parfois… Mais pour combien de trouvailles inutiles et insignifiantes? Si je restais sur les écrans mais que je lisais plus d’articles spécialisés, de publications de mes camarades de WordPress, à la rigueur ce serait socialement et intellectuellement stimulant. Au lieu de quoi je me perds dans l’océan de rien en mouvement.

Et je consomme en constatant le manque d’utilité. Je passe d’ Instagram à Facebook, de Facebook à Instagram sans réussir à décrocher mes yeux malgré le livre qui m’attend à côté, plus agréable pour mes yeux, plus intéressant et enrichissant.

J’ai une boulimie d’images inutiles, je bloque comme lobotomisée.

Et là solution radicale de me séparer physiquement m’embête, car il y a les discussions entre copines qui habitent loin qui me sont nécessaires, le blogging qui m’apporte beaucoup, les mails pro à devoir consulter, le fait de pouvoir être joignable en cas d’urgence. Prendre des photos, regarder l’heure. La peur de rater.

Et on est reparti pour un tour.

Je suis accro à mon téléphone, prisonnière du scrolling et ça me désole de ne pas être plus forte que ça pour m’en détacher rapidement. À ajouter aux priorités de l’année : détox d’écrans.

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